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11 juillet 2013 4 11 /07 /juillet /2013 15:53

Ça y est, la date est tombée: à partir du 19, je ne garantis plus aucune régularité sur ce blog. J'ai un Grand Matin à retaper et à défricher.

 

Pour l'heure, une sorte de petite révision, de retouche. Pour d'autres raisons que ce site j'ai relu, récemment, des cours d'Histoire grecque et romaine d'un prof de fac. Et je peux confirmer un gros point de mon précédent billet, concernant cette logique typiquement hellénistique qui induit le racisme fondamental de notre Occident atlantiste. Qui n'est pas comme nous est par définition en train de le devenir, ou au pire y aspire forcément. Il se trouve qu'un événement majeur dans la légende des origines de Rome et l'expulsion du dernier roi, en -509, et l'instauration de la République, littéralement RES PVBLICA, "chose publique". Pour les Romains, un roi (REX), c'est une connerie d'oriental, c'est un gosse trop gâté, et le peuple qui est sous sa coupe en est donc l'esclave. Les Romains n'ont donc plus de roi quand ils commencent la conquête de la péninsule italienne entière. Ils ont un système relativement simple: les nobles (patriciens) ont la richesse et doivent donc s'occuper des paysans (plébéiens). Ce sont leurs clients, mais au sens antique: ces cliens votent pour leur patron (même origine que PATER, "père") aux élections, ils travaillent pour lui, et lui, en échange, va par exemple financer le théâtre, les gladiateurs (activités religieuses) et cela va jusqu'aux distributions à peu près quotidiennes de blé à Rome. Au-dessus des nobles, les Sénateurs sont les pères du peuple entier, leur assemblée est convoquée par les deux consuls -deux car un seul, ça sera comme un roi.

 

En plus, cela contribue à la cohésion de cette République qui a rassemblé tous les peuples ayant en commun cette référence grecque: les Grecs "récents" (à leur époque) se sont généralement débarrassé des tyrans (tyrannoi), qui régnaient avec le soutient du peuple mais de façon totalement individuelle, et ont instauré la démocratie. Hé ben, nous aussi, vous avez vu?

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Les Romains ne supportaient pas le concept de "roi" et cela contribue, pour eux, à considérer comme inférieurs des peuples comme les Germains, les Gaulois, ou, comble du pire, les Perses, ces pédales finies d'Orientaux. Comme par hasard, pendant la Guerre des Gaules, les Éduens (majeure partie de l'actuelle Bourgogne, sauf la moitié de l'Yonne et une partie de la Côte-d'Or) sont dès le départ alliés à César. Et de fait, ils sont les seuls dont on connaisse globalement la structure politique: leur noblesse élit chaque année un "vergobret" qui a les pleins pouvoirs... un an. Nous sommes proches de ce qui se faisait alors à Rome, avec le dictateur, littéralement celui qui dit (quoi faire), élu pour un mandat de six mois renouvelable, de plus en plus renouvelable du reste. Mais la logique "peuple opprimé par un roi et qui veut donc être libéré" / "nous, la République des vrais hommes" bute tout de même sur les Vénètes (Morbihan et une partie de la Loire-Atlantique, sud Finistère), chez qui César reconnaît un "Sénat". Il dissout totalement cet État, car impossible de s'en faire des alliés.

 

L'instauration du Principat (-29) ne change pas le statut de la République: non, c'est toujours la "chose (RES) publique (PVBLICA)". Le Prince (PRINCEPS) est le "premier", encore au-delà des nobles; le Sénat se réunit toujours sur convocation des Consuls, les patriciens s'occupent toujours de leurs clients plébéiens. Un bon Prince respecte cet équilibre, un mauvais Prince est trop tenté par l'autocratie "à l'orientale". Les histoires sur les Princes successifs sont à interpréter selon ce cannevas. Quant à l'empire, en fait IMPERIVM, c'est littéralement ce qui obéit: l'étendue de l'occupation et de la domination militaire. Tout peuple, bien évidemment, rêve d'en faire partie afin de devenir libre grâce à la République.

 

... nous n'avons pas trop évolué.

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Certes le roi existe en effet chez les peuples proprement européens, mais il n'est pas du tout ce roi "à l'orientale" que haïssaient les Romains. Roi est un mot français très évocateur de cette "créolisation" gallo-romaine à l'origine de nos langues actuelles, en incluant l'italien par exemple: il provient en même temps du latin REX, REGIS, et du gaulois RIX, RIG-, qui n'a pas vraiment le même sens. Ce terme celtique va faire partie des nombreux emprunts faits par le proto-germanique. Il devient alors *reiks, qui lui-même fournira ce suffixe -ric très commun dans les noms de rois germains. Il est cependant peu à peu remplacé par une autre racine (qui donnera cyning en vieil-anglais, könungr en norrois, etc). Notre souche dérive alors vers Reich en allemand, au sens de "royaume" ou plus largement d'État. Et la voici qui revient vers l'ancien français, sous la forme "riche"! Que fait ce "roi" à la mode barbare (en fait européenne)? Je n'entrerais pas dans le détail du lexique norrois, il est trop touffu (mais je recommande le dictionnaire Cleasby&Vigfusson). Le roi, le chef, c'est celui qui a l'aisance matérielle -concrètement, de gros troupeaux, des champs, des potagers, des vergers, des ruches, des pêcheries. Ce qui va avec une gestion saine, donc gage de sa sagesse; et il est donc celui qui peut aider tous les autres, celui qui nourrit s'il le faut, qui protège (au procès, par exemple), qui héberge et nourrit ceux qui travaillent dans son domaine, qui arme, aussi. Il est donc celui qui a la clef de la force militaire (les provisions, les armes, et les hommes), mais qui a pour objectif le maintien, ou le retour, à la paix, afin que cet équilibre subsiste.

 

... un patricien et ses plébéiens, quoi.

 

Ce n'est pas parce qu'un peuple est différent qu'il est par définition malheureux et qu'il veut être comme nous. Il y a d'autres facteurs un peu plus évidents: il mange? il peut se soigner?

 

Ah, facteurs qui clignotent en rouge avec un bruit stressant dans pas mal de régions de l'IMPERIVM moderne, tiens.

http://theeconomiccollapseblog.com/wp-content/uploads/2010/01/Food-Stamps-300x300.jpg

Vous allez quand même pas vous remettre au potager derrière la maison comme au "moyen-âge" non?

 

 

 

Bien sûr, du temps a passé. La communication a pris un rôle croissant à mesure que ses supports se développaient.

 

Nous en venons certes au problème PRISM, et le faux problème du "mais où donc va aller Snowden" met en lumière les pays qui nargue ouvertement l'Empire, montrant par là qu'il a perdu les trois quarts (au moins) de son influence passée.

 

Nous en arrivons à quelque chose qui n'existait pas vraiment à l'époque romaine, ou disons qui était assez embryonnaire: la propagande, la publicité. Comme le dit le proverbe récent, "on fait un boulot qu'on n'aime pas pour gagner à peine assez d'argent pour acheter des conneries dont on n'a pas besoin, afin d'impressionner des gens qui n'en ont rien à foutre". Donc ça c'est le Progrès? Peut-être qu'on a dépassé une sorte de point de patinage?  La publicité ou l'utilisation de l'instinct grégaire , le moteur et son carburant, comme je l'expliquai jadis, afin de nous faire acheter. Mais au bout d'un moment, il faut se poser des questions et faire un tri. Le Progrès doit mériter ce nom.

 

Les Renseignements russes abandonnent l'informatique et reviennent à la machine à écrire. Pourquoi? ça ne peut pas se hacker, une machine à écrire.

 

À l'échelle personnelle, on peut passer bien des choses en revue. Qu'est-ce qu'on y gagne? Qu'est-ce qu'on y perd? Comment remédier? Il y a pas mal de choses qui, en fait, ne sont pas un progrès. Parce que ça demande en réalité plus de travail, parce que ça tombe en panne, ça marche pas, et ça demande plus de financement parce que ça pompe de l'électricité et/ou de l'eau. Réfléchissons bien au problème: au stade atteint aujourd'hui, une partie inquiétante de ce "Progrès" fonctionne sur la base que nous sommes des tous-petits de 2-3 ans pour toujours. Donc:

-incapables d'autonomie

-incapables de faire quelque chose par nous-mêmes

-incapables de faire preuve de patience, d'attendre

-affamés, braillards, capricieux

-profondément égocentriques

Je me sens insulté. Bah non, je ne suis pas comme ça. Un téléphone pour mieux organiser les rencontres avec des amis, oui, c'est un Progrès ( ---> inventeur du téléphone? J. G. Bell? non, Christopher Meucci. Notre civilisation a un problème avec la notion d'inventeur). Une tablette tactile où on se perd dans les options, qui indique en temps réel la météo et ce qu'écoute le mec qui se ballade à trois cents mètres et que je connais pas et reverrais jamais et dont j'ai rien à foutre, tablette qui, en plus, va peut-être m'exploser au visage?.... mmmh, j'appelle pas ça un Progrès.

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Portrait du consommateur normal

 

En fait le progrès ne doit pas réclamer ni induire une contre-partie, sauf, tout simplement, de comprendre comment ça marche.

Et condition absolue, il doit être  U T I L E.

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Réellement utile.

 

Jadis, les Romains étaient convaincus de libérer les peuples en leur imposant d'être absorbés par la République (enfin pas trop non plus, les droits d'un provincial "barbare" n'étaient pas les mêmes jusqu'au règne de Caracalla), en exterminant tous les cadres traditionnels de leur société, en leur imposant le latin tout le temps (administration, armée, commerce, puisqu'on pratique déjà la mutation professionnelle), et en allant construire des villes à la romaine... jusque dans les Borders du Nord de l'Angleterre (pays brigante) ou la forêt transyvalnienne (Dacie). Mais après tout, il fallait bien que les survivants des armées vaincues servent à quelque chose -> esclavagisme. Oh cela n'avait rien à voir avec ce crime contre l'humanité (dont nous, personnes du temps présent, ne sommes pas responsables et condamnons, merci de vous en rappeler avant de nous accabler avec votre racisme anti-blanc). L'esclave devait être bien traité si on en espérait un bon travail.

 

Mais justement, le ciment de l'empire moderne est la communication. L'uniformité, l'homogénéité requièrent l'éclatement de tout groupe. Tout doit donc se fondre, et ce qui ne le fait pas doit être dissout. Rien de tel que culpabiliser et rabaisser: personne ne doit être fécilité ou remercié, car alors une telle vantardise lui donnerait l'illusion qu'il peut éventuellement être un petit peu autonome et, qui sait, être en mesure d'aider les autres. Non, surtout pas. La France est très, très championne du "second degré", l'excuse pour sortir les pires saloperies. "ouais mais, hé! second degré."

 

Ma droite dans ta face.

 

Pour justifier d'une agression sur une communauté, l'idéal est de l'inciter à attaquer la première. Alors on choque, on vexe, on brutalise, en invoquant, comme prétexte, le "second degré", ou chose encore plus tragique, la "liberté d'expression". En Occident, on s'en fout, que ça choque une majorité -ou plutôt, on trouve ça normal, acceptable. La majorité se braque et réagit avec violence: voilà le prétexte pour lui rouler dessus. Magnifique apport judéo-chrétien à un héritage romain: introduire la notion de vrai/faux, de bien/mal, de pour/contre. Vous êtes pour ou vous êtes contre: la liberté d'expression vous intime donc de choquer le camp adverse.

http://www.photo2ville.com/photos/italie/rome/basilique-saint-pierre.jpg

 

Parce que si on le faisait pas, si on se mettait à discuter, normalement, on risquerait de trouver comment s'entendre et se fédérer. La fédération, cauchemar du césarisme, puisqu'elle conserve toutes les nuances de couleurs, de formes, de tailles. Une civilisation basée sur la fédération, ne va donc pas jouer ce jeu de pour/contre? C'est le cas. Ce qui n'est pas atlantiste ne réfléchit pas forcément sur cette base pour/contre, légalisé/interdit. Pas étonnant qu'une telle civilisation choisisse de revenir à la machine à écrire, c'est un peu plus lent, certes, mais ça ne se hacke pas et ça marche.

 

 

 

 

 

ERRATUM, j'avais écrit Campbell au lieu de Bell pour nommer l'odieux crétin qui a retrouvé les plans de l'invention de Meucci et qui est allé acheter la licence parce lui, avait le pognon. J'ai confondu avec J. S. Campbell, un illustrateur et auteur de comics (les couleurs sont souvent de Nei Ruffino, quoiqu'elle dessine aussi de son côté) et dont on peut trouver des dessins sur ce lien.

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