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4 juillet 2013 4 04 /07 /juillet /2013 14:34

Aujourd'hui, je commence à mains nues, comme ça. Notre civilisation est entièrement bâtie sur un racisme fondamental, duquel découle d'abord une mécanique qui, côté extérieur, est colonialiste, et côté intérieure, est clientéliste. Notre père est Jules César, notre fantasme est l'Atlantide de Platon.

 

Sur ce lien, assez long et à mettre au chaud, Guylain Chevrier, docteur en Histoire, membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l'intégration, parle de cette majorité silencieuse, invisible et aphone, la forêt cachée par un arbuste. Nos médias produisent quotidiennement moult chiffres et statistiques sur les populations des "zones urbaines sensibles", en sous-entendant lourdement, issues de l'immigration: taux d'échec/réussite scolaire, discriminations, associations culturelles, montants des aides sociales, pourcentages dans telle ou telle zone. Formidable.  Dans les "zones urbaines sensibles", on a 23,6% de familles d'origine étrangère. C'est bien. Quid des 76,4% restant?

 

Silence radio.

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À en oublier que "la forêt", ce sont des millions d'arbres.

 

Le CSA livre des chiffres à interpréter aussi: 20% de personnes "non-blanches" dans les programmes de divertissement, 19% dans l'information, 16% dans la fiction, 11% dans la fiction française. Formidable: si l'on réfléchit froidement et mécaniquement en proportion de la population française, c'est disproportionné -mais est-ce que ça a de l'importance, en soi? est-ce que ça signifie quelque chose? Dans les mêmes programmes, on a 2% d'ouvriers, alors qu'ils représentent 23% de la population totale. Là, le problème commence à émerger.

 

Il est compréhensible de former des associations pour aider des gens auxquels on rajoute des obstacles, mais on atteint le stade où la situation peut menacer de s'inverser. Toute statistique visant à comparer l'aide associative et l'aide sociale entre les familles d'origine étrangère d'une part, et les familles autochtones d'autre part, est inexistante: ce serait une statistique "ethnique", ce qui est normalement interdit en France. Pourtant, on constate certains faits, d'une part l'inexistence d'associations "communes" ou généralistes, ou rurales, et le panel d'associations qui sont fondamentalement à caractère "ethnique", fut-il détourné (pour les gens de tel ou tel quartier); d'autre part, les modes de pensées et de vie où la femme est pour ainsi dire enfermée à s'occuper des enfants (les cas de polygamie vont dans ce sens) induisent une plus forte demande en aides sociales. Préférence sournoise? Pas vraiment: la réussite scolaire relative des enfants issus de l'immigration (Scolarité des enfants d'immigrés de la sixième au baccalauréat, Kieffer&Brinbaum, 2009) tient à un simple facteur géographique. Généralement, les immigrés s'installent (ou sont installés) dans des banlieues de grandes villes, donc à forte population, donc à fort potentiel associatif, et où les perspective de formations et de petits boulots sont meilleures qu'en pleine campagne.

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Ce qui n'a pas toujours été le cas. Mais on a préféré racheter des couteaux et ciseaux neufs plutôt que de profiter de son passage pour les entretenir.

 

Forcément, pourrait-on rétorquer, ils ne vont pas aller se paumer en rase campagne. Là est le problème. Pourquoi? En termes platement mathématiques, cette population d'origine ouvrière, autochtone, campagnarde ou de petites bourgades, est pourtant majoritaire. Ses enfants sont de plus en plus rares dans les études, comme en témoigne les observatoires de la vie étudiante. On ne les voit pas, on ne les compte pas, on n'en parle pas. C. Guilly en 2010 alertait sur la dramatique paupérisation de la France rurale; rien n'a suivi. Médias et politiques -le troll à deux têtes- braquent la poursuite sur les banlieues: formidable, elles sont une minorité. Il n'est donc pas question de nombre de voix dans une élection. D'une, l'immigré correspond plus à l'idéal (fantasmé) impérialiste d'un monde sans frontière où tout se déplace et peut s'insérer n'importe où; d'autre part, il est un excellent bouc émissaire (comme tous ceux qui finalement sont perdus); enfin, hypothèse que j'ajoute aux propos de Chevrier, il est probablement un bien meilleur consommateur. Non pas un souci de majorité des voix, mais de majorité des achats: il consomme, encore et encore, il achète les aliments de son pays d'origine (difficile de faire pire dans le refus de s'intégrer et de s'adapter), il achète ce qu'on lui vend comme porte-parole, il achète ce qu'il croit être des signes extérieurs de richesse et/ou statut social.

 

Il serait quand même plus simple et profitable que tout le monde se serre les coudes: l'immigration n'est pas une nouveauté dans l'Histoire, elle semble avoir eu un rôle tout à fait encadré et cyclique chez les Celtes, on l'a vue avec ces Francs, Goths et autres Burgondes qui ont fondé les souches de la noblesse, les Normands enracinés en Normandie et ailleurs aussi... et avec des immigrés polonais ou italiens dans les XIX°-XX° siècles. Cette immigration-là est différente parce qu'instrumentalisée, parce que prenant place dans un éveil inquiétant d'un monde césariste.

 

Majorité occultée, oubliée, cachée, enterrée. Ce lien montre que le parler des banlieues modernes est considéré comme une langue ou un dialecte à part entière; dans le même temps, TV Breizh s'est vue interdire par le CSA d'émettre en breton (ai-je appris quand je cherchais à la capter) et les locaux ont été transférés à Paris. Les statistiques sur les langues régionales restent interdites en tant que telles, les données sont erronées (on prétend le cauchois éteint alors qu'on l'entend dans le bus à Rouen), les études linguistiques s'avèrent complètement fausses et doivent être reprises à 0 (elles furent dressées par des latinistes romantiques ayant sciemment ignoré le substrat celtique). Quant au racisme visant les identités régionales... je sais ce que c'est. Idem pour les discriminations: ici, sur ce lien en anglais, on apprend que les contrôles à répétition sur les Noirs ou les Arabes vont avoir, enfin, une issue en justice. Quid des contrôles sans motif sur les gens qui ont des dreads? Ou d'autres encore? Mon père, chauve à queue de cheval, barbu, dans sa vieille 2-CV, se faisait contrôler chaque soir quand j'étais au collège. Mais cette discrimination-là est enterrée dans l'oblitération d'un oubli total. Idem pour le racisme, il fonctionne dans les deux sens. Ce lien ne m'a rien appris. L'ennemi est commun, il faut s'entraider, pas s'entretuer.

http://www.rave.ca/fr/image/full/414405/

Probabilité de contrôle d'identité sans aucun motif valable mais répétitif: 100%. Certains feraient bien d'en prendre conscience.

 

Bien sûr, cette mentalité césariste joue aussi à l'extérieur. Peut-être est-il judicieux de rappeler le tournant monstrueux que Jules César a introduit dans l'Histoire? Les Romains avaient bâti leur empire sur les régions méditerranéennes, dont les populations avaient comme référence commune la culture grecque. Pour une raison simple, auparavant, les Grecs avaient tissé un vaste commerce maritime et créé quelques colonies. Sur le principe de traductabilité divine, sous-bassement absolu du polythéisme, tous les Méditerranéens évoquant la religion pouvaient "retraduire" avec Zeus, Poséidon, Hadès, etc., car celui qui parle de Dolechinus ne connaît pas forcément Marspiter, celui qui sacrifie à Baal ne connaît pas forcément Osiris. L'unité de la République romaine s'adjoignait de cette appropriation d'une référence culturelle commune; ceux qui ne la partagent pas sont les Barbares, en premier lieu incapable de s'exprimer dans la langue d'Homère.

 

César, dans une situation où il devait d'une part consolider une image fragile ("le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris" disait-on de lui, et élevé dans le monde grec qui, bien que référence commune, faisait "fiotte" aux yeux des Romains), et d'autre part, assurer le succès des réformes sociales en proposant des terres aux plébéiens (paysans), devait agrandir le territoire. Non sans de grandes difficultés, non sans l'aide de plusieurs États puissants cherchant surtout un allié contre leurs rivaux, il a ainsi, pour la première fois, intégré à la République des peuples qui étaient étrangers à cette référence culturelle commune: les Celtes, les Gascons et les Belges. Il n'eut pas le temps de le faire avec les Bretons, mais ce sera le cas au siècle suivant.

 

Pourtant, la réalité culturelle gauloise fut victime de la volonté de raboter les angles; dès l'occupation de César (qui, rappelons-le, était censé être sacré roi au moment de son assassinat; son fils adoptif Octave-Auguste inventa le Principat en réutilisant "César" comme titre), les Gaulois furent assimilés à une population romaine, donc, de référence culturelle grecque. Tout fut latinisé et romanisé de force. Certes, la réussite de ce lissage brutal fut mitigée et on assista bien plus à une évolution de la civilisation gauloise, ce que l'Histoire actuelle appelle la civilisation gallo-romaine. Mais César avait inventé le mondialisme, un monde lisse, propre, homogène, monochrome.

 

Ce qui n'en fait pas partie est donc inférieur, barbare, c'est à dire inculte: donc, "pas fini", puisque pas suffisamment hellénisé. Le comble de l'horreur est atteint avec les Scythes, collection hétérogène de peuples iraniens, turco-mongols, caucasiques, tous, éleveurs nomades des steppes eurasiennes. Ni maison, ni araire, ni ville, ni champ: on ne peut pas faire plus sauvage, moins humain.

http://us.123rf.com/400wm/400/400/backyardproduction/backyardproduction1203/backyardproduction120300018/12783236-facade-de-la-cour-supreme-americaine-a-washington-dc-sur-la-journee-ensoleillee.jpg

Nothing to say.

 

Aujourd'hui, l'impérialisme mondialiste suit le même schéma. Un peuple qui ne partage pas cette référence politique commune, la "démocratie" façon révolution américaine de 1776 et française de 1789, est donc "pas fini" et il faut se dépêcher de le "finir" de force. On a vu ce que ça donnait en Libye, et, encore avant, en Iran, ou même en Irak. Un empire, au sens latin d'imperium, s'est mis en place, c'est l'OTAN, doublé d'une sorte d'immense vassalerie, l'Union européenne, pas mal de pays pouvant faire partie de l'un et de l'autre (mais pas toujours). Qui n'en fait pas partie n'est qu'un sous-développé "pas fini". Nous sommes passés par le "tiers-monde", "pays sous-développés", "pays en voie de développement", "pays émergents": quelle sera la prochaine étape? Les pays "en cours d'américanisation"? Nous sommes clairement dans la même logique césariste, induisant, de facto, un ratio de supériorité/infériorité -fondement du racisme.

 

La France, l'Autriche, le Portugal ont refusé à l'avion présidentiel d'Evo Morales, Président de la Bolivie, le survol de leur espace, à cause d'une rumeur américaine selon laquelle Snowden aurait été à bord. Passons sur le fait que nos médias traitent comme un fait-divers bannal la réalité de l'espionnage mise à la lumière par Snowden. Les Boliviens ont brûlé des drapeaux français et jeté des pierres sur l'ambassade. Plusieurs dirigeants sud-américains se sont réunis, et les autres ont exprimé leur accord, pour fustiger cette Union européenne, vassale zélée des États-Unis, méprisante et offensante. La Russie, via son ministère aux affaires étrangères, a froidement rappelé que personne n'était au-dessus du droit international.

 

La France se contente de présenter des excuses au motif d'un petit incident administratif. Morales n'est pas dupe. Pour rappel, c'est un Amérindien, un Natif bolivien, il a promu les Droits de la Terre-Mère et a commencé comme paysan cultivateur de coca, et a milité pour que le monde arrête sa fixette sur cette plante multi-usage qui sert à bien d'autre chose qu'à la cocaïne (dont la production en Afghanistan est en hausse constante depuis l'invasion atlantiste du reste).

http://arronews.files.wordpress.com/2012/03/evo_morales_feuille_coca_9mars9-32d601.jpg

... et il rappelle qu'on peut en tirer de la farine, avec laquelle on peut faire aussi bien des gâteaux que du dentifrice, et que dans son pays, les montagnards l'utilisent comme tonifiant.

 

D'un côté, les États-Unis ont comme moyen de pression la représaille économique ô combien inquiétante d'interdire la mimolette sur le sol, la FDA la jugeant "impropre à la consommation car faite de matière putride" et avec une trop grande concentration de mites à l'inch-carré -mite intentionnellement cultivée puisqu'elle fait la croûte. La fabrique française a donc dû faire incinérer 1500 tonnes de fromage, coincées dans les douanes d'un pays dont un tiers des habitants se nourrisent grâce aux bons alimentaires du trésor public... Il est plus urgent de ne pas piper mot sur le "kidnapping virtuel" de Morales (pour employer ses propres termes), l'espionnage, et de faire la sourde oreille à la demande de la Corée du Nord pour des discussions ouvertes "à accepter sans conditions", pour citer les mots de celui qu'un bachelier français appelait le "terrible président King Kong" dans une perle désormais célèbre. Tout homme non-américanisé est donc un sauvage. On nous le présente comme un horrible dictateur affamant son pays (mais bien sûr, l'opacité de cette dictature empêche d'avoir la moindre preuve), alors pourquoi n'y a-t-il pas une invasion de l'imperium là-bas? Peut-être parce que la Russie et la Chine font des exercices militaires communs en Mer du Japon et qu'une telle alliance serait potentiellement la plus redoutable armée au monde?

 

De l'autre côté, la Russie, qui s'ingénie à contrecarrer les plans atlantistes, fédération de plus de 200 nationalités, se méfie de l'autorité française comme de la peste noire car elle est au courant de la russophobie soigneusement entretenue par la presse française -un peu comme les brouettes d'immondices que les auteurs grecs ou romains ont déversées sur leurs ancêtres scythes et huns. Pourtant, les investissements français en Russie augmentent doucement: Leroy-Merlin vient de s'y implanter. Il y a une différence entre les autorités et la population.

 

Une immense différence.

 

http://archeographe.net/sites/default/files/img/spip/Imgp0956-arch.jpg

 

Nous sommes en démocratie, c'est indéniable: demos, "peuple", cratos, "pouvoir". Mais le demos, c'est le peuple des vrais humains: cadres, employés, fonctionnaires bureaucratiques, ceux auxquels s'adressent les publicités, quel que soit le support, les émissions de télé, les films, la presse. Le "vrai" peuple, dont les enfants suivent des études supérieures ou une formation professionnelle qualifiante, qui vit en centre-ville et a une résidence secondaire en campagne, et qui, devant sa télé, s'indigne des nouvelles émeutes dans les banlieues. Le pouvoir est à ce peuple-là: nous, moi, fils d'ouvrier, descendant d'une lignée d'artisans, nous, n'en faisons pas partie. Il est vain de vouloir "s'intégrer" à quelque chose qui nous ignore, de qui nous ne pouvons rien attendre: à nous de nous retrousser les manches. Et, à l'heure d'internet, il est simple de signifier clairement notre existence: les uns aux autres, à ces immigrés qu'on pousse à être nos ennemis, et aux puissances étrangères qui nous espionne ou nous surveille, parce qu'elles veulent maintenir leur esclave à quatre pattes ou parce qu'elles guettent la moindre ouverture amicale.

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