Main dans la main

Le gros travail a commencé, il sera de plus en plus accaparant.

Mon arrière-grand-père, Poilu survivant du préambule au Ragnarök, et mon grand-père, tout jeune dans le travail, sur les barricades de 1936, rêvaient du Grand Soir, anéantissement de l'américanisme et éveil d'un monde communautaire. Le soviétisme stalinien a montré sa vraie face et s'est heureusement effondré. Certains -beaucoup en fait- tremblent en guettant l'approche de ce Grand Soir qui d'après eux sera destructeur. Ça fait combien de fois que notre monde s'est trouvé balancé dans les ténèbres nocturnes? Plusieurs... l'idéal, c'est plutôt de le laisser sombrer et d'œuvrer à un Grand Matin. Des millions de Grands Matins seront autant de graines disséminées pour qu'il germe bel et bien.

Ça passe par la réflexion. Peu de choses sont pires que l'abus de confiance. Ce n'est pas parce qu'il le dit que c'est vrai; peu importe son titre, peu importe le ton assuré, peu importe les préjugés sur lesquels il s'appuie. S'il est honnête, il doit rendre hommage à notre intelligence et nous permettre de retrouver sa source.

À l'époque d'internet, l'ignorance n'est plus un simple drame, c'est un état volontaire et délibéré.

Peut-être que vous vous attendez à ce que je parle de l'attentat de Brétigny? Pas encore; il est un peu trop tôt, NOTRE enquête prendra du temps. Médias français, américains, britanniques et même indiens, tout ceci aditionne des preuves sinistres. Parce que la source de l'information, ça peut être des années d'un métier, un savoir-faire, celui de cheminots, par exemple. Ou celui de pilotes d'avion quand on parle du problème Notre-Dame-des-Landes.

La source doit être directe. Que savez-vous des autres pays? Finalement, le journal, quelle que soit sa forme, n'est pas "la" source. En le lisant/regardant, vous n'apprenez que ce qu'il y est écrit/enregistré. C'est ce qu'on appelle l'abus de confiance. Comment savoir ce qu'il en est réellement dans le reste du monde? Démarrez votre navigateur internet, vos antivirus et antimalwares, potassez une langue internationale (anglais vivement recommandé, le français est un excellent second appui) et allez leur demander directement.

Les "grands" quotidiens d'information n'ont qu'une seule utilité: celle d'allume-feu. C'est ce que j'ai dit récemment à une Iranienne juste en voyant une bête photo d'elle. Une autre Iranienne, en apprenant tout ce que les Français croient sur son pays, m'a "claqué la porte au nez" et a fermé toute conversation aux Français. Les Russes ont généralement un fou rire quand on leur parle de "mafia", "de dictature d'une poignée d'oligarques", "de pauvre peuple affamé et abruti". Quant aux Américains, ceux qui résistent sont des héros, admirables, très actifs, très accessibles, doués d'une énergie, d'une volonté et d'un esprit pratique hors du commun; ils veulent répandre et partager leurs trouvailles et leurs idées -mais pas les vendre. En gros, ce que je serais tenté d'appeler la "vraie" Amérique, voisine et plus ou moins héritière de l'Amérique autochtone.

Je ne sais pas trop qui vous êtes, pourquoi vous suivez, comment vous êtes arrivés là. Je sais que certains yeux ennemis me lisent. Ils se reconnaîtront. Une chose que je sais, c'est que j'ai moi aussi allumé un petit feu au sommet d'une hauteur et que vous aussi, si vous me suivez, vous allumez des signaux. La constellation s'étend de jour en jour, et elle est déjà très étoffée au cœur même d'un ténébreux empire. L'aube viendra.

Ne pas se laisser diviser.

Se fédérer.

Le stade équilibré, qui n'est ni une fusion destructrice (rêve d'un empire mondialiste, qui a fait naître le mythe d'une émigration "évidente") ni la fragmentation en une multitude croissante de camps ennemis (conséquence immédiate de ce mythe et de cet art de vivre de la provocation, du débat "contradictoire" et de la logique pour/contre). La fédération: elle peut commencer à toute petite échelle, celle d'un quartier, d'un hameau, d'une famille un peu étendue. Elle peut s'étendre très loin.

Ce lien en est une magnifique illustration.

Parler de l'affaire Varg Virkenes? j'ai toujours détesté ce sombre connard, comme 99% des métalleux et 99% des paganeux. Assassiner son propre mentor au couteau, cramer les plus vieilles églises norvégiennes, au demeurant derniers exemples de ce qui fut l'architecture de bois de la Scandinavie pré-chrétienne, bien joué, sac à merde. Je crois que je l'apprécie autant que ce détritus de Breivik. J'ai lu l'article du Monde, l'un des plus lus des allume-feu francophone; bel exemple de racisme contre les Scandinaves, au passage. Revenons à ce lien.

Arkona est un groupe russe connu dans le milieu pour sa chanteuse, connue pour son talent rare, celui d'alterner le chant clair et le growl typique du death metal (comme la petite fille de six ans dans "American got talent" je crois: sans se bousiller la voix parce qu'elle sait comment on fait). Le nom d'Arkona vient d'un site de l'île de Wollin, aujourd'hui au large de la Pologne, où les Rugiens, un peuple slave, avaient un temple à Sviatovid, dieu de la cavalerie et de la guerre, et où les Vikings, très tôt, ont tenu un marché. Il me semble que le russe chanté / growlé par Masha est archaïque. Bref. Dans cette chanson, "dans mon pays", Arkona invite cinq autres groupes de pagan metal:

-Månegarm, groupe suédois dont le chanteur a une voix érraillée, un peu criarde, très reconnaissable;

-Obtest, groupe lituanien que j'avoue ne pas connaître;

-Menhir, groupe allemand, pionnier du folk-metal en Thuringe, plutôt du style ballade metal, le chanteur a une voix sublime, chaude et claire à la fois;

-Skyforger, très bon groupe letton;

-Heidevolk, groupe néerlandais, de la province de Gelder pour être exact, épique et très sympa, reconnaissable au cœur masculin (et à la sonorité rocailleuse de la langue, je me demande si l'accent de leur région joue ou non).

Chacun de ses groupes chante dans sa propre langue: suédois (germanique nordique), lituanien (baltique), thuringien (une forme locale du Haut-Parler allemand, dans le groupe alémanique); letton (baltique), néerlandais, peut-être dialectal ou un peu archaïsant, je suis loin de maîtriser assez la langue pour me prononcer (germanique de l'Ouest). Et chacun joue sa musique, son style propre. Menhir et sa ballade superbement mise en valeur (8:25 à 9:54), Heidevolk et son côté "chasse sauvage sur mer", qui donne l'impression d'un bateau-dragon chevauchant les vagues et d'avoir le chanteur principal au gouvernail (11:54 à 13:34)...

Parce que le symbole de l'arc-en-ciel c'est d'abord cette prophétie de Crazy Horse. Comme toute prophétie, elle se réalisera parce qu'elle a été énoncée, parce qu'on en a de base le projet.

Et le tout forme une petite symphonie cohérente et magnifique. Émouvante. Chacun, tout simplement, parle de son pays. Comme si un voyageur traversait l'Europe ancienne, indigène, primordiale; on progresse d'ailleurs d'Est en Ouest. Chose fréquente dans l'Histoire européenne, pour ne pas dire un poncif. Des populations en mouvement? Il y en a toujours eu. Migrations, invasions, conquêtes, dépeuplement par les uns et repeuplement par les autres sous une contrainte climatique, ça ne manque pas. Les grands ensembles restent les mêmes. Et on a une langue finnique "paumée" en Europe centrale (le hongrois), quelques patois slaves entretenus respectueusement dans quelques communes d'Allemagne de l'Est, des éléments issus d'un rameau éteint du turc dans une langue slave (le bulgare), des éléments scandinaves dans des dialectes du Nord de la France (le cauchois qui non, n'est PAS éteint), un cousin proche de l'italien "paumé" près de la Mer Noire (le roumain), des éléments bretons façonnant les "bizarreries" d'une langue germanique (l'anglais) etc. etc. etc!

Se fédérer, y compris contre un ennemi commun. Commencer par se tendre la main, les uns vers les autres. Juste ce simple geste: se tendre la main avec un sourire, les uns vers les autres.

On ne survit pas, seul. Certains pourraient bien, malheureusement pour nous, l'avoir parfaitement compris.