L'Islande en 2006: PIB supérieur à celui des USA, du Royaume-Uni et de l'Allemagne, retraite par capitalisation, paradis fiscal. Le secteur privé est lourdement endetté, mais les banques islandaises ne se sont pas investies dans les emprunts pourris qui ont fait trembler aux États-Unis et en France en 2008. La banque Kaupþing (« assemblée du commerce ») avait investi à crédit dans des affaires suédoises et britanniques, au point que leurs actifs étaient largement supérieurs au PIB même de l'Islande. Les dettes acumulées par le secteur privé islandais étaient très majoritairement en devises étrangères. En cas de souci, l'Islande n'avait aucune banque qui aurait été capable de prêter. Et de toute façon, en toute logique, la banque centrale n'aurait émis que des couronnes islandaises, et la couronne islandaise, pratiquement personne n'en veut -c'est loin d'être aussi répandu que le dollar américain ou que l'euro! Alors que la majorité des dettes étaient en devises étrangères, euros ou livres sterling... l'Islande était dans une situation tendue mais arrivait encore à gérer.
Thingvellir, le lieu où, vers 930-940, les Islandais créèrent l'Althing, le premier Parlement fédéral, et la Logretta, la première Cour Suprême.
Des banques américaines s'en sont mêlées. Les traders aimaient bien cette couronne islandaise, que la petite République polaire créait en masse. On spéculait à découvert (vu les dettes des banques islandaises!). Et les banques américaines ont fait faillite en 2008. Privées de cette forme de soutient, les banques islandaises ont commencé à sombrer. La République les a nationalisées les unes après les autres. Les Islandais n'avaient plus confiance dans leur monnaie; il y eut des retraits massifs auprès des banques, à part les plus grosses coupures (les billets de 5000 couronnes). Les Islandais achetèrent en masse des biens luxueux supposés revendables, comme l'alcool fort, alors que celui-ci est taxé à 1000% dans leur pays!
La couronne islandaise, cette monnaie à laquelle on préféra, un jour, des bouteilles de whiskey et des rolex.
Que firent les grands États démocratiques, par ailleurs héritiers d'une vision de la République définie en Islande?... ils ne l'ont certainement pas sauvée. Gordon Brown, premier ministre britannique, fit confisquer les opérations de dépôt de Kaupþing, poussant d'un coup dans la faillite l'une de ses filières. La plupart des avoirs islandais à l'étranger furent gelés par ce même Gordon Brown. Au nom de la loi antiterroriste, il fit quelque chose d'absolument impensable: inscrire l'Islande sur la liste des terroristes, celle-là même où figurent Ben Laden et les Talibans! Il déclara même l'Islande en faillite. Première chose: c'était faux. Deuxième chose: pour qui se prend-il? L'Islande est une République indépendante... En 2010, les dettes islandaises ont atteint 140% du PIB et la moitié seulement sont dans la monnaie nationale. Gordon Brown a demandé à l'Union européenne d'en rendre responsable le gouvernement islandais, et par conséquent les contribuables, donc les Islandais eux-mêmes. L'Union exerça des pressions répulsives, alors même que l'Islande n'est pas membre et ne le sera probablement jamais. Les contribuables islandais doivent rembourser les dettes étrangères de la banque Landsbaki/Icesave, quand bien même pèse-t-elle 60% de l'activité économique du pays? Pourquoi exige-t-on qu'un peuple entier rembourse les dettes d'une banque?
La douceur des décisions de l'Union européenne et de Gordon Brown
Le niveau de vie s'est effondré et le taux de chômage a atteint le niveau allemand... même les riches sont touchés: le taux des actions a perdu 95%. On ne négocie plus que les valeurs islandaises... l'immobilier a perdu 20%. Pourtant la balance marchande est positive: si le FMI et l'Union européenne acceptent d'avoir un comportement moral et sain, l'Islande peut tout à fait s'en sortir. Les actions qui se portent le mieux sont celles qui sont indexées sur l'inflation! Celle-ci a diminué, heureusement... difficile de faire ce qu'on veut quand, de toute façon, à cause du contrôle des capitaux décidé par Gordon Brown!
Et puis, le 20 mars 2010, le volcan Eyjafjöll entre en éruption.
Sur place, il provoque un jökullhlaup (littéralement course du glacier), c'est à dire une fonte de son glacier. Il éjecte un énorme panache de fumée, qui, poussé par le vent océanique, quitte l'Islande, qui n'en voit pas grand-chose, et vient couvrir l'Europe, paralisant le traffic aérien. Il recommence le 8 mai.
Image de la crise que vivent les Français
L'Europe s'est permise de prendre l'Islande pour bouc émissaire de sa soit-disant crise? Le nuage de fumée a obligé des touristes européens à rester sur le lieu de leurs vacances: ben oui, il y avait du monde qui resté bloqué en Égypte ou en Inde parce que pas d'avion autorisé à s'approcher de l'espace aérien européen. Heureusement que c'est la crise, en Europe, sinon, que seraient nos vacances. Vous avez voulu mettre la tête de l'Islande dans les watters et tirer la chasse? les dieux déchaînent un Géant du feu domestique qui vous crache sa fumée à la gueule et vous gâche vos vacances.
*KHÔF, KHÔF*
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